Le maintien de la paix est une création onusienne. Au cours des six dernières décennies, il est devenu l’un des outils principaux de la communauté internationale pour gérer les crises complexes qui menacent la paix internationale et la sécurité. Aujourd’hui, plus de 120 pays contribuent au maintien de la paix dans le monde à travers des contingents militaires, de police et même d’experts civils. Une telle sollicitude internationale participe du renforcement des capacités opérationnelles de l’ONU sur le champ de la paix et de la sécurité mondiale.

Pour consolider cet élan, la résolution 1325 (2000) sur les femmes, la paix et la sécurité fut adoptée en 2000 par le Conseil de sécurité, matérialisant ainsi la reconnaissance du rôle des femmes qui, bien que victimes premières des guerres, devraient jouer un rôle plus accru dans différents processus de prévention et résolutifs des crises et conflits armés.  Cette résolution souligne la nécessité et l’importance pour les femmes de participer sur une base égalitaire avec les hommes à tous les efforts visant à maintenir et à promouvoir la paix et la sécurité. Bien plus, elle recommande, entre autres, un accroissement du rôle et de la contribution des femmes aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, que ce soit en tant que civile ou sous l’uniforme de l’armée ou de la police, pour des fonctions civiles ou des postes de commandement.

Depuis l’adoption de cette résolution, il y a eu des avancées significatives dans le sens de l’atteinte des objectifs de féminisation des OMP, bien que ceux-ci soient encore insuffisants au regard des attentes. S’agissant des civils (experts ou non), la proportion de femmes recrutées, engagées et déployées par le Secrétariat pour les OMP est d’environ 30%. La parité entre les sexes n’est donc plus hors de portée. 

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Mais les progrès sont beaucoup plus lents pour les éléments en uniforme des opérations de maintien de la paix qui sont fournis par les États Membres et qui comprennent actuellement moins de 6% des 80 000 membres du personnel militaire. Une telle lenteur s’expliquerait par les jugements de valeur qu’une certaine opinion aurait au sujet de la femme en treillis. Pourtant, la complexité du maintien de la paix qui est devenue pluridimensionnelle en ce début du XXIè siècle exige que toutes les compétences, notamment celles liées au genre soient mobilisées ; d’où la nécessité d’accroitre le nombre de casques bleus de sexe féminin et même des femmes civiles dans tous processus de paix.

1. Comment le programme pour les femmes la paix et la sécurité est-il mis en œuvre?

Prise en compte des questions de genre dans les missions de maintien de la paix

La prise en compte des questions de genre suppose d’évaluer les incidences différenciées sur les femmes et les hommes qu’a toute action envisagée, notamment sur le plan de la législation, des politiques ou des programmes, dans tous les secteurs et à tous les niveaux. Il s’agit d’une démarche visant à prendre pleinement en considération les préoccupations et le vécu des femmes aussi bien que les préoccupations et le vécu des hommes dans l’élaboration, l’application,

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le suivi et l’évaluation des politiques et des programmes dans tous les domaines (politique, économique et social) de sorte que ceux-ci bénéficient de la même manière aux femmes et aux hommes et que l’inégalité ne se perpétue pas. Le but est d’atteindre l’égalité des genres. Chaque composante d’une mission de maintien de la paix doit tenir compte des questions de genre dans toutes ses fonctions et tâches, depuis le déploiement jusqu’au retrait de la mission.

Parité femmes-hommes : Parvenir à l’équilibre femmes-hommes dans les effectifs fait partie des valeurs fondamentales du Département des opérations de paix (DOP), ce qui devient un modèle pour les communautés où il intervient. Cet équilibre est également un facteur d’efficience et de productivité. Par exemple, le personnel féminin contribue à la réussite globale d’une mission en en améliorant l’efficacité et l’image et en la rendant plus accessible et plus crédible aux yeux de la population touchée, notamment des femmes, qui abordent plus facilement le personnel féminin.

Principes directeurs : Inclusion, non-discrimination, parité femmes-hommes et efficience.

Source : Groupe de la problématique femmes-hommes du Département des opérations de paix,
https://peacekeeping.un.org/fr/promoting-women-peace-and-security

2. Mandat du DPO et avantage comparatif concernant les femmes la paix et la sécurité

Agir dans le cadre du maintien de la paix

Le DPO est résolu à appliquer le programme pour les femmes et la paix et la sécurité, ainsi que les priorités qui l’accompagnent, en prenant les mesures suivantes :

  • Fournir des conseils et des orientations stratégiques pour garantir la participation pleine, égale et effective des femmes aux processus politiques et à toutes les étapes des processus de paix ;
  • prendre systématiquement en considération les questions de genre à toutes les étapes de l’analyse, de la planification, de la mise en œuvre et de l’établissement de rapports, ainsi que dans toutes les institutions locales, nationales et régionales chargées d’instaurer la paix et la sécurité ;
  • consolider les partenariats effectifs avec les organisations de la société civile féminines et les aider à mener à bien des initiatives ciblées ;
  • faire en sorte qu’il y ait davantage de femmes membres du personnel civil ou le personnel en tenue des opérations de maintien de la paix, à tous les niveaux et aux postes à responsabilité.
©https://www.crtv.cm/2021/05/onu-5

Fortes de leur légitimité et de leur expérience, les missions de maintien de la paix sont bien placées pour promouvoir les aspects des résolutions concernant les femmes et la paix et la sécurité, et ce, grâce à leur mandat mais aussi grâce à leur vaste présence sur le terrain, à une expérience de plus de 70 ans et aux contacts que leurs hauts responsables entretiennent avec les gouvernements nationaux.

Le DPO se restructure sans cesse pour s’adapter à l’évolution de la nature et de la portée des opérations de maintien de la paix. L’amélioration des dispositifs institutionnels a notamment donné lieu au recrutement, dans les composantes civiles, de conseillers et conseillères pour la protection des femmes et de conseillers et conseillères pour les questions de genre, qui sont également présents dans les composantes militaires. Les efforts visant à accroître le nombre de femmes dans les contingents et la police, ainsi que l’engagement politique et les activités de plaidoyer des hauts responsables de l’ONU aux plus hauts niveaux, tant sur le terrain qu’au Conseil de sécurité, permettent de faire avancer considérablement le programme pour les femmes et la paix et la sécurité.

Les groupes de la problématique femmes-hommes et les spécialistes de la problématique femmes-hommes permettent aux missions d’être plus efficaces dans l’exécution de leur mandat. Les conseillers principaux et conseillères principales pour les questions de genre qui sont affectés au Bureau du Représentant spécial du Secrétaire général proposent des conseils stratégiques aux dirigeants des missions sur la prise en compte 

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des questions de genre dans leurs activités, fournissent des orientations techniques sur le programme et coordonnent les cours de formation sur les questions de genre et les questions concernant les femmes et la paix et la sécurité. La nature transversale des opérations de maintien de la paix favorise la recherche de consensus. Le programme pour les femmes et la paix et la sécurité représente pour le DPO un cadre unique lui permettant de forger des partenariats solides avec divers acteurs, dont des organisations de femmes, des gouvernements hôtes, des organismes régionaux et d’autres entités des Nations Unies, de manière à créer des synergies et à multiplier les activités de plaidoyer en faveur de l’égalité des genres, de l’avancement des femmes et des droits des femmes.

Source : Groupe de la problématique femmes-hommes du Département des opérations de paix,
https://peacekeeping.un.org/fr/promoting-women-peace-and-security

RÉSOLUTIONS DU CONSEIL DE SÉCURITÉ SUR LES FEMMES ET LA PAIX ET LA SÉCURITÉ

  • Résolution 1325 (2000) sur les femmes et la paix et la sécurité
  • Résolution 1820 (2008) sur la violence sexuelle
  • Résolution 1888 (2009) sur la protection des femmes et des filles contre la violence sexuelle
  • Résolution 1889 (2009) sur le renforcement de la participation des femmes aux processus de paix
  • Résolution 1960 (2010), qui préconise derechef l’élimination de la violence sexuelle
  • Résolution 2106 (2013) qui invite les États Membres à s’acquitter des obligations qui leur incombent
  • Résolution 2122 (2013) qui évoque une « approche intégrée » en vue de l’instauration d’une paix durable
  • Résolution 2242 (2015) sur les stratégies et les ressources nécessaires à la mise en œuvre des priorités concernant les femmes et la paix et la sécurité
  • Résolution 2467 (2019) renforcement du soutien aux survivants et à la société civile.

One Comment

Paulin Guillaume NTSAFACK, Fév 05, 2023

Belle initiative pour mes aînés académiques et mes enseignants.
Je suis très motivé au regard des ambitions qui sont les vôtres et des orientations données à ce think thank. En tant que doctorant en HRI, spécialisé en sécurité internationale et lutte contre le terrorisme, je rêve d’être compter parmi les membres de ce « brain trust ».

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